« Tous ces grévistes commencent à me pomper l’air, les sens…euh l’essence…cela perturbe mon sommeil et j’n’arrive plus à forer Carla…il est de mon devoir de rétablir l’ordre » a dit not’ Président. Alors, avant que l’aube ne blanchisse la campagne, il a envoyé plein de shadoks à casquettes libérer les raffineries, bloquées par les manifestants anti-projet de loi sur les retraites le pompage des revenus des salariés.
« C’est qu’on ne peut même plus pomper tranquille l’argent des travailleurs dans ce pays ! » a ajouté not’ Président en secouant ses épaules, mimant le geste du marteau-piqueur creusant un puits de pétrole « il y a des gens qui veulent travailler pour me donner leur argent et on veut les en empêcher, c’est inadmissible ! »
C’est à ce moment qu’un journaliste l’interrogea sur les propos tenus par les ministres deux jours auparavant : « Vos ministres ont indiqué qu’il n’y avait pas de pénurie de carburant, simplement des problèmes de logistique. Etait-il nécessaire de faire intervenir les forces de l’ordre à 4h du matin pour des problèmes de logistique ? »
« Pourquoi fallait-il débloquer les raffineries ? Je vais vous le dire », martela not’ Président. « L’année dernière, j’ai fait un plan de relance pour mes amis les riches. Je leur ai fait plein de cadeaux. D’habitude, au titre de l’impôt sur les sociétés, je leur demande entre 45 et 50 milliards mais en 2009, j’ai été généreux, j’ai pris plein de mesures fiscales et ils n’ont payé que 20, 9 milliards. L’impôt sur le revenu lui est resté stable (46,7 milliards de recettes) et la taxe intérieure sur les produits pétroliers m’a rapporté 24,2 milliards. J’crois que ce n’est jamais arrivé que le produit de la TIPP soit supérieur à celui de l’impôt sur les sociétés, en tout cas, pas depuis 10 ans. Mes amis étaient super contents.
Bon, du coup, cette année, c’est la dèche, il faut que je récupère des sous, y’a un gros trou dans la caisse. Alors, je vais faire travailler plus longtemps les salariés pour résoudre mon problème de trésorerie. Mais cela suppose aussi qu’ils continuent à consommer de l’essence, sinon mécaniquement le produit de la TIPP va baisser. Et j’vais pas faire payer à mes amis le déficit public, c’est important l’amitié. Ils le woerth bien ! Donc, j’ai envoyé des types à casquettes pour sauver ma TIPP. La TIPP, c’est mon titre interbancaire de paiement personnel, pour quand je veux aller en vacances avec Carla et mes amis dans mon nouvel avion tout aménagé. Elle l’adore cet avion, quand elle met les pieds dedans, elle se prend pour Jacqueline Auriol et touche à tous les boutons ! »
De loin, on entendait un manifestant près d’un feu de joie crier : « Pump fiction, y’en a marre des cons » ou encore « Sarko, pompe à fric, le peuple te nique ». Il était 20:10, le 20-10-2010 (« regarde bien ta Rollex, c’est l’heure de la révolte »), cela m’a donné envie de danser pieds nus devant Marylin.
Dame Grenouille 